Eau Vive n°752

Le Pardon : un chemin vers Noël

Le mois de décembre ouvre pour nous un chemin particulier : celui de l’Avent, temps où l’Église se prépare à accueillir le Prince de la Paix. Or, il n’y a pas de paix sans pardon. Noël n’est pas seulement la fête de la naissance de Jésus ; il est la célébration du Dieu qui vient réconcilier l’humanité avec Lui et les hommes entre eux. À ce titre, vivre le pardon n’est pas une option : c’est un passage essentiel pour laisser le Christ naître dans nos cœurs.

La Bible place le pardon au centre de la révélation. Dans l’Ancien Testament déjà, Dieu se présente comme « lent à la colère et riche en miséricorde » (Ex 34,6). Les psaumes rappellent que « le Seigneur est tendresse et pitié » (Ps 102,8) et qu’il « jette au fond de la mer » nos fautes (Mi 7,19). Lorsque Jésus vient parmi nous, il ne fait qu’accomplir cette logique divine : il pardonne avant de guérir (Mc 2,5), il enseigne que le pardon doit être sans mesure « jusqu’à soixante-dix fois sept fois » (Mt 18,22) et il confie à ses disciples la mission d’être dans le monde les ministres de la réconciliation (Jn 20,23). Par ailleurs, les Pères de l’Église nous enseignent que le pardon n’est pas un effort moral seulement, mais une transformation intérieure. Saint Augustin affirme que « celui qui ne pardonne pas ne peut accueillir la paix du Christ », car son cœur reste fermé à la grâce. Saint Jean Chrysostome insiste : « Rien n’imite davantage Dieu que le fait de pardonner à ses ennemis ». Alors que Noël nous montre un Dieu qui se fait vulnérable, les Pères nous rappellent que le pardon est lui aussi un acte de vulnérabilité assumée : renoncer à la vengeance, se défaire de la dureté, laisser Dieu ouvrir en nous un espace pour l’autre.

Les papes de notre temps reprennent cette exigence avec force. Benoît XVI rappelle que « le pardon est le cœur du christianisme, parce qu’il révèle la logique de l’amour qui se donne » (Angelus, 18.02.2007). Le pape François souligne que le pardon est une libération : « Nous nous faisons du mal lorsque nous gardons tout en nous ; le pardon est un acte de courage et d’espérance » (Audience générale, 19.02.2014). Noël devient alors un appel : si Dieu vient vers nous malgré nos infidélités, comment refuser de faire un pas vers celui ou celle que nous avons blessé ou qui nous a blessé ?

Dans nos familles, nos paroisses, nos lieux de travail, le pardon ouvre les portes de relations nouvelles. Ce n’est pas oublier, ce n’est pas excuser, mais choisir de ne plus laisser la blessure gouverner notre cœur. C’est peut-être l’offrande la plus belle que nous puissions présenter à l’Enfant de la crèche : un cœur pacifié, réconcilié, disponible à la paix véritable. Sur le chemin vers Noël, demandons au Seigneur la grâce d’un pardon concret : un appel, une visite, un mot simple, parfois même seulement une prière pour celui que nous n’arrivons pas encore à rencontrer. Le Christ qui vient nous donnera le reste.

Joyeux Noël !

Père Jean-Claude AYIVI BIDI, vicaire